J’émerge lentement d’une nuit sans rêve.

J’ai encore les écouteurs dans les oreilles, ma play-liste du soir et mon doudou dans les bras.

Je serais bien restée trainer dans mon lit, mais je n’ai rien à jubjoter.

Je n’ai aucune envie de jouer à ce jeu mais je n’ai semble-t-il plus le choix.

Mon pion est déjà engagé.

Je me lève, devant ma glace, j’ai la tête de quelqu’un qui a passé la nuit sur la corde à linge.

Quelques coups de brosse, je m’avance sur la première case.

J’ai encore la chaleur des draps sur ma peau, malgré le climatiseur.

Ou bien un coup de soleil, attrapé la veille dans le Virage.

Je monte prendre un café.

Mon premier défi est de me faire une place dans cette transgression matinale.

Depuis mon arrivée ici, je prends plaisir à cette gageüre.

Mais pas aujourd’hui. Aucune excitation.

Une veillée décevante, aujourd’hui la finalité de cette partie ne m’inspire plus.

Ma synchronicité à la main mise, seul l’univers aurait le pouvoir maintenant de décider.

De me faire avancer ou de me faire reculer.

Da ma jang.

J’ai compris que selon les règles mon pion est mis de côté et que mon tour est passé.

Mais ce matin, j’ai décidé de ne plus jamais attendre que le tour me revienne.

Ce jeu n’attise plus mon appétit.

J’ai faim d’une saine émulation.

C’est avec mes nouvelles règles que je ferai avancer mon pion.

Je finis mon café et je m’avance dans la diagonale.