J’ai la réputation d’être une sacrée donneuse de leçons.

Et pourtant, nous avons tous une crèche noire au fond de nous,

Un endroit isolé, rempli d’inavouables secrets.

Ne t’ai-je jamais dompé cet aphorisme sur l’ennoiement ?

« On ne nage pas dans l’eau dans laquelle on s’est déjà noyé »

même avec un peu de mojito dans le sang …

J’ai compris que je te le balance sec parce que je l’ai vécu.

En public, je fais comme tout le monde, je garde la face souriante.

Je renvoie l’image d’une nana cool, bien dans sa peau, épanouie.

Observe attentivement mes traits.

Je suis celle qui met ses Carmen Steffens pour sonder l’eau.

Pour vérifier, si par hasard et depuis tout ce temps, je n’avais pas appris à nager.

Mais ce n’est pas vraiment ça, je finis par me noyer à nouveau.

Trop sure de moi, j’en fais bien trop, je ris trop fort.

Pour couvrir le barda qui résonne dans ma tête.

Je suis tellement douée pour dissimuler mes affaires.

Si tu m’observes plus attentivement encore

Tu aperçois cette expression sur mon visage.

Ce sourire forcé que je maltraite pour exhiber.

Une impression de fatigue et de lassitude.

Mes si jolis yeux qui perdent de leur éclat.

J’ai tellement d’amour dans le cœur.

L’idée de lâcher prise m’effraye à mourir.

Alors demain sera un jour comme les autres.

J’enfilerais mes collants, ma robe et mon manteau.

Je prendrais le taxi pour Saint Cucufa, pour y retrouver quelqu’un.

Et encore une fois je n’y retrouverais personne.

Pas même celle que j’ai rêvé d’être.